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Urban Youth Games

Lola Mansour ; entre sport, écriture et féminisme

En ce mercredi 8 mars 2023, synonyme de la journée internationale des droits de la femme, nous avons eu l’occasion d’échanger sur ce sujet avec Lola Mansour, judokate belge, médaillée olympique et autrice. Retour sur une conversation enrichissante et porteuse de sens et d’espoir.

Bonjour Lola, j’espère que tu vas bien ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Lola Mansour, j’ai 29 ans, je suis championne olympique junior de judo, militante féministe et autrice du livre « la ceinture blanche ». Les 3 mots qui me définissent le mieux sont sport, écriture et féminisme.Mon parcours est assez atypique, mais pour commencer j’ai intégré l’équipe nationale belge de judo à l’âge de 15 ans.À 19 ans, j’ai pu bénéficier d’un contrat professionnel avec l’ADEPS grâce aux résultats réalisés dans mon parcours. Malheureusement, j’ai eu pas mal de blessures assez graves dont notamment une commotion cérébrale qui a vraiment mise toute ma vie sur pause. Cela a été une grosse remise en question personnelle.

C’était une période très compliquée, à tous les niveaux, que ce soit psychologiquement ou physiquement. Mais en même temps, cet événement m’a permis de faire d’autres rencontres et de m’ouvrir à certaines problématiques. Et je crois que c’est vraiment pendant cette année-là que cette fibre plus sociale et féministe, qui existait déjà pendant ma carrière, a prise forme de manière beaucoup plus concrète en termes d’activisme et d’actions sur le terrain. Je suis d’ailleurs active dans le collectif « balance ton sport » en collaboration avec plusieurs dizaines d’athlètes belges.

Quel est ton sentiment sur la place de la femme dans le monde du sport et quels sont selon toi, les sujets les plus préoccupants
actuellement ?

J’ai un sentiment très mitigé. Je pense qu’il y a encore beaucoup de combats à mener sur cette thématique. Ce qui me préoccupe le plus aujourd’hui au sujet de la place de la femme dans le milieu sportif c’est ce manque d’opportunité et d’accessibilité générale pour toutes les jeunes filles et les femmes. Cela peut partir simplement de l’accès à un club de sport à proximité, jusqu’à l’accès aux contrats, au monde sportif professionnelle, etc. De manière générale, une femme doit faire face à plus d’obstacles et de paradoxes. Par exemple, pour un même résultat, elles ne bénéficient pas de la même reconnaissance financière et sociale dans le sport. Tout cela fait qu’elles développent plus de compétences car elles doivent plus se démener que les athlètes masculins.

En ce qui concerne cette date, évidemment, c’est une journée importante, mais dans mon esprit, c’est tous les jours 8 mars, c’est une lutte quotidienne.

Penses-tu qu’il y a des solutions, et si oui, lesquelles ?

Oui il y en a, et c’est pour cela que nous nous agissons tous les jours.Une première solution serait la mixité accompagnée d’une réflexion de terrain avec un encadrement adapté et une grille de lecture. Cela doit commencer dès le plus jeune âge, notamment dans le cadre scolaire.Aujourd’hui encore, il y a certains freins qui sont présents dans les cours d’éducation physique. Pourquoi les élèves sont-ils séparés entre filles et garçons sachant que cela fait partie de leur apprentissage scolaire ? Quel message envoie-t-on aux enfants quand on les divise lors d’activités sportives ? Je crois fortement qu’une des solutions est dans la mixité chez les enfants lors des cours d’éducation physique. Ce n’est pas anodin qu’à l’adolescence, la participation des filles aux activités sportives diminue énormément. Et je crois qu’encore une fois, la mixité dès les plus jeunes âges aiderait à diminuer ces chiffres. Pour ce faire, les encadrants et encadrantes scolaires doivent être déjà sensibilisés à toutes ces problématiques liées au genre, être capable d’aborder des situations et créer une mixité réelle lors des séances sportives.

Une deuxième solution repose sur la médiatisation. Pour moi, les médias ont un rôle déterminant à jouer ! À l’heure actuelle, il y a encore trop de différences dans l’écriture d’un article sur les performances sportives réalisées par des hommes ou par des femmes. Ils auront droit à des titres plus marqués. On parlera de performances « stratosphériques », etc. Tandis que pour les femmes, cela est relativement plus modéré jusqu’à même les comparer avec des « équivalents masculins ». Les médias doivent créer un intérêt réel pour le sport féminin. Le parfait exemple est la coupe d’Europe de football féminin en Angleterre. La BBC a couvert l’événement de manière très professionnelle avec des portraits des athlètes, etc. exactement comme dans d’autres événements masculins. Le résultat ? 17.8 millions de téléspectateurs pour la finale. C’est donc bien la preuve que quand il y a un investissement des médias, il y a une réelle demande !

Donc pour résumer je dirais, la mixité, l’éducation et la formation ainsi que les médias.

Est-ce que l’inclusion sociale à travers le sport serait une des solutions ?

Évidemment, je crois que le sport est un terrain où l’on peut s’exprimer, se rencontrer, collaborer et apprendre ! Lorsque que l’on expérimente quelque chose par le corps, des concepts comme la collaboration, le dépassement de soi, la mixité, valent mieux que toutes les lectures, les discours, etc. Et je pense que ce qui est magnifique dans le sport, c’est justement sa capacité à créer un terrain propice à toutes les formes de mixité et d’inclusion. C’est pour cela qu’un projet associatif tel que les Urban Youth Games a du potentiel. Il faut miser sur ces actions de terrain car elles ont un réel impact auprès de la population.

Et pour terminier cette interview, Lola Mansour aux Urban Youth Games, partante ?

Bien sûr, tant qu’on ne me demande pas de nager pour moi c’est bon haha ! 😊